Art mural C’est sur les murs de New York, dans les couloirs métros des grandes villes, dans les friches industrielles (abandonnées aux marginaux et aux sans domiciles fixes) qu’est apparu ce que l’on a ensuite appelé l’art de la rue. Nous sommes à la fin des années soixante, le Pop art d’Andy Warhol et de Roy Lichtenstein est désormais considéré comme une culture à part entière, et reconnue. Commencent alors à voir le jour et à s’afficher de nouvelles formes d’expressions qui envahissent petit à petit l’espace urbain. En s’affichant ainsi, les œuvres de Martinez (performance de taki 183), puis celles d’artistes plus célèbres comme Keith Haring, Little Angel, Jean-Michel Basquiat et d’autres, ont permis à leurs auteurs d’être découverts dans le monde entier. En réalité, l’expression artistique murale est née avec l’homme comme un besoin vital. Nous connaissons tous les témoignages de cet art rupestre ; aujourd’hui, c’est la méthode et l’intention qui ont changé.
Après cette période extraordinaire, ce nouveau mode d’expression ayant été divulgué dans le monde entier, la jeunesse s’en est emparé et en a fait son langage, en s’appropriant le graffiti et l’expression libre; ce qui les l’a finalement isolée des autres générations, allant jusqu’à créer une profonde fracture. Le phénomène s’est banalisé jusqu’à en perdre son sens premier. L’interdit et la contestation qui étaient à l’origine de cet art mural, se sont retrouvés dénaturés par trop de liberté d’agir sans convictions. Le mouvement s’est auto-répliqué, générant de nombreuses impostures. Il y a ceux qui mettent l’accent sur la composition graphique et qui s’intéressent uniquement à la forme picturale, ceux qui interagissent avec l’architecture d’intérieur considérant cet art comme un décor et ceux qui composent avec ce langage dans son sens primitif et initial, comme le duo d’artistes franco-allemand Geza et Chérif (KRM). Leur travail est à la fois rigoureux, d’une grande qualité technique et d’une honnêteté intellectuelle totale. KRM est l’exemple d’une nouvelle génération d’artistes qui s’exprime en dépassant les frontières et les barrières culturelles.
À quatre mains, Geza et Chérif créent leurs murs, leur univers de peinture et d’écriture. Ils utilisent des affiches publicitaires qu’ils collent et déchirent sur bois ou métal, des fonds enduits et peints, griffés, grattés. Ils déterminent et affirment ainsi leur œuvre. Dans une interview, Geza a déclaré qu’un couple d’artistes n’était pas simplement l’addition d’un-plus-un individus faisant deux, mais que le dialogue était le troisième élément indispensable, le fondement même de l’œuvre en processus. Ce dialogue permet la réalisation d’une œuvre à la fois riche et complexe, jamais banale qui peut s’avérer d’une extrême simplicité et évidence. Les tableaux de KRM interrogent et amènent réflexion et questionnement, par les images, les écritures, les symboles, la matière et la couleur. Ils abordent des thèmes inhérents à la société contemporaine et à la condition humaine. L’anorexie, la ségrégation, le génocide, les médias, la corruption et l’exploitation, les droits de l’homme sont autant de sujets mis en avant sur leurs murs si particuliers !
Paolo Pancaldi, curateur

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